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[Cinéma] In Bruges, de Martin McDonagh


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Allez, les rares fois où je vais au cinéma ne doivent pas être une occasion de me taire.

Bien au contraire.

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"In Bruges", donc, ou "Bons Baisers de Bruges" en version française, raconte l'histoire de 2 types qui échouent à Bruges, pour une raison d'abord obscure. Une chose est certaine, l'un des 2 types est âgé et s'intéresse vite à la ville (Ken, alias Brendan Gleeson) tandis que l'autre plus jeune en a un peu rien à foutre (Ray, alias Colin Farrell)... on apprend vite que ces 2 types sont là pour se faire oublier, loin de Londres. Apparemment le plus jeune a fait une connerie. Ray va chercher à sortir de cet exil forcé, découvrant les attraits non touristiques de la ville pendant que Ken essaye de garder un oeil dessus. Mais en bon jeune irlandais, Ray est un sang chaud, et...

... et on comprend bien que ça ne sera pas un remake des Bisounours.

On est loin d'un film de John Woo, mais la violence est là, froide et baroque.

Un peu comme un "Man bites dog" ("c'est arrivé près de chez vous") sans Benoît Poelvoorde pour faire le mariole, de la couleur, et des phrases assassines bien pesées ("la Belgique produit du chocolat et des pédophiles, et encore, le chocolat c'est pour attirer les enfants"). Au fur et à mesure de la découverte de "l'autre Bruges", on remarque que l'on cède la place du jour triste et gris à la nuit festive et lumineuse... jusqu'à la Mort puisque, évidemment, elle s'invite.

Se balladant dans le film anglais bien à la mode ces derniers temps ("je fais de l'humour noir") tout en étant en Belgique (raison de railleries évidemment déplacées), ce film se laisse voir ou plutôt... on s'attend à du gros (voir la distribution), les 20 premières minutes sont... plates à souhait, on s'interroge... et un nouvel élan se place, doucement.

Entre le cliché d'une ville de Belgique chiante qui se drape de poésie douce à grand coup de beignes, et la douceur d'un ange malheureusement trop belle pour être clean (Clémence Poésy), on se laisse porter, riant de cet humour noir british, de la brutalité de certains plans, de la redondance de certains actes, dans une ville qui emprisonne petit à petit les personnages... comme dans un huis clos.

Ce film n'est pas un chef d'œuvre.

C'est simplement un film que j'ai eu plaisir à voir, des images propres, du caustique, du beau, de l'exagération contenue (quoiqu'un Ralph Fiennes en petite crapule de limite psychopathe, c'est presque jouissif !).

Pour ceux et celles qui ont visité Bruges, ce doit être en plus un bon moyen de revoir des jolies places.

Bref, je conseille vraiment.

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