bunee 0 Posté(e) le 17 janvier 2006 Partager Posté(e) le 17 janvier 2006 Ma culture auto estampillée "SF/ Fantasy*" se limitant à Tolkien, Barjavel et à quelques bouquins d'Asimov (et encore, même pas les plus connus) , je ne connaissais Dantec que de nom, et j'hésitais un peu à me lancer dans la lecture d'ouvrages comme La sirène rouge ou les racines du mal. Or, lors d'une de mes excursions dans un célèbre magasin au carré jaune.com, je suis tombée sur une de ces éditions bon marché qui contiennent deux/trois nouvelles, ainsi qu'une brève entrevue avec l'écrivain concerné. Cette édition contient trois nouvelles. Première d'entre elles, Dieu porte-t-il des lunettes noires? (ce scoop!) Frank voit un voyageur transquantique lui proposer, à l'aide de lunettes noires spéciales et d'un gros Ruger, de remonter dans le temps pour tuer une personne, celle qu'il jugera la plus criminelle de toute l'histoire de l'humanité. Le choix de Frank finit par se porter sur Hitler, mais une fois en face du futur dictateur (encore au berceau, puisqu'il a réussi remonter dans le temps), un curieux paradoxe l'empêche de mener à terme sa mission. L'idée est là aussi amusante, beaucoup de questions sont laissées à l'appréciation du lecteur, mais le thème reste à mon avis très classique. Deuxième nouvelle, THX Baby. Dans un futur advenant après la ruine écologique de la planète, seuls quelques êtres humains ont les moyens de se payer un exil sur les colonies installées sur les autres planètes. Un homme, auquel ce rêve semble parfaitement inaccessible, achète auprès de son dealer officiel une drogue toute nouvelle, celle qui ramène la conscience au commencement. A son insu, il va être le cobaye d'une toute nouvelle expérience. Idée assez originale mais le trip et l'expérience en eux-même ne sont pas assez approfondis, c'est vraiment dommage. Dernière nouvelle, Quand clignote la mort électrique. Grandeur, espoir et décadence d'un apprenti caïd ramant pour se sortir de la cité. Racontée à la façon d'un flash back: de l'ivresse des paillettes cocaïnophiles nocturnes à la douleur aveugle d'une agonie en bord de route. Rappelle un chouilla Retour à Brooklyn, mais sans le talent narratif d'Hubert Selby Jr. (attention je ne dis pas que c'est dénué de talent, ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dit) En bref: ça se lit assez facilement, ça évoque beaucoup de choses mais sans nous y emmener vraiment. Pas de réel décollage, pas de réelle évasion. Un peu à la manière d'un beau prospectus de voyages. Bref je reste sur ma faim et je suis affreusement frustrée (a priori ça se soigne). Mais bon. Sur les conseils (convaincants) que quelques uns m'ont prodigués en d'autres lieux, je compte persister dans mes tentatives "Dantec" :huh: (*Edit: mille excuses pour ceux que j 'ai pu offenser en assimilant SF et Fantasy ) Lien à poster
Sha 0 Posté(e) le 19 janvier 2006 Partager Posté(e) le 19 janvier 2006 Hum, Dantec j'en ai eu une expérience ambivalente. Je l'ai découvert avec "Les Racines du Mal", dans la Serie noire à l'origine, et ça a été la claque. Un énorme pavé qui vous prend et vous absorbe pendant des heures (sans mentir, j'ai attendu un train 10 heures à Lyon Perrache assis sur un banc en mangeant des barquettes de Lu avec ce seul bouquin) . D'abord roman policier noir, psychologique, qui tourne progressivement à la sf macabre, ce bouquin est l'un de mes fétiches. J'ai voulu découvrir le reste, et je me suis rendu compte qu'il y a un avant et une après les racines. L'auteur a beaucoup évolué, dans sa vie même et dans son art. Le tournant je pense se sent entre la fin des racines et "Babylon Babies", qui commence comme une sorte de suite, et l'on voit poindre une progressive et régulière exubérance de vacuités philosophiques successives. Par la suite ça empire. Son journal en deux tomes est dans le genre très horripilant : on alterne les récits poétiques et les récits politiques, la philosophie minute et les délires très minces. Son précédent roman, "Villa vortex", est le premier que je n'ai pu terminer. Au bout de quelques centaines de pages, l'enquête policière qui s'annonçait intéressante (noire et bien décrite, dans un Paris de banlieues glauques à souhait) devient tout d'un coup un délire philosophico-religieux (ça c'est la nouveauté). Etre suprême et tout le bataclan, évolution logique de la thématique progrès scientifique / génétique / psychologie, commencé dans les racines. Son dernier roman, "Cosmos incorporated", c'est exactement la même chose, mais sur un fond de science-fiction post apocalyptique. Pareil, au bout de 100 pages, le chaos métaphysique total, et l'on referme l'ouvrage en grinçant des dents. Donc, prudence Lien à poster
Gfx 0 Posté(e) le 19 janvier 2006 Partager Posté(e) le 19 janvier 2006 Tes remarques sur Dantec me font penser a ce que j'ai ressenti a propos des oeuvres de Philip K. Dick. L'ordre chronologique de ses ecrits m'echappe un peu mais certains sont de veritables chaos metaphysique, comme le dit si bien Sha. Siva par exemple m'a horripile. A l'inverse, Substance Mort est un exemple magistral de progression psychologique et d'ecriture subtile. Lien à poster
roopi 0 Posté(e) le 20 janvier 2006 Partager Posté(e) le 20 janvier 2006 comme quoi on se retrouve avec les memes lectures ............. j'ai relu ya pas tres longtemps et avec plaisir substance mort qui est tres bien commencé à lire siva de philip k dick qui curieusement me fait penser aux contes philosophiques de rousseau et voltaire qu'on nous faisait étudier à l'ecole , l'histoire n'est finalement qu'un prétexte pour déballer ses grandes theories pleines de références philosophiques et theologiques que n'ai pas et je me demande si je vais arriver au bout j'ai laché siva (provisoirement ) pour dantec cosmos incorporated et le style me plait sans me passionner plus que ça pour le moment mais je n'en suis qu'au début du livre Lien à poster
xa_chan 5 Posté(e) le 24 mai 2006 Partager Posté(e) le 24 mai 2006 J'aime beaucoup Dantec, notamment ses "journaux", parce que j'aime le détester, lui et ses idées extrémistes. Je l'ai "rencontré" également avec les Racines du Mal. Et comme Sha, ce fut la claque de première classe. Même révolté par ce que je lisais (la description des meurtres filmés par exemple), impossible de refermer le bouquin. Ca s'est confirmé avec la Sirène Rouge (très très moyennement adapté au cinéma). Puis, Babylon Babies a été la cerise sur le gâteau : SF méitrisée, réutilisation judicieuse de personnages de ses oeuvres précédentes, complexité et pourtant lisibilité de l'intrigue... Bref, Babylon Babies est pour moi son chef d'oeuvre. D'où ma perplexité en lisant Villa Vortex. Un pavé presque illisible, sauf si on est sous peyotl ou si on a fait des études trèèèès supérieures de sémiotique/philosophie. Ce qui n'est pas mon cas. Cosmos Incorporated laissse au début un peu la même impression. Complexité du propos, digressions philosophico-branchouilles, bref on est à deux doigts de se dire "zut, c'est Villa Vortex 2". Et puis non, après être passé par un certain paroxysme dans le chaos, le propos se réunifie, comme si l'auteur avait réussi à surmonter une crise schizophrénique de grande ampleur et finalement, c'est pas si mal que ça... Lien à poster
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