bunee 0 Posté(e) le 13 janvier 2008 Partager Posté(e) le 13 janvier 2008 Titre original: Beim Haüten der Zwiebel Roman traduit de l'allemand par Claude Porcell Editions du Seuil ISBN 978-2-02-093395-7 C'est avec plaisir que je reprends le fil de mes chroniques pour vous parler de ce livre. Vous connaissez très certainement Günter Grass, Prix Nobel de littérature 1999, auteur allemand notamment du mondialement célèbre Tambour, dont vous pourrez lire une bonne critique par là. Et non moins certainement entendu quelques-un des échos de la polémique ayant fait suite à la grande révélation contenu dans "pelures d'oignon" -- un "scoop" retentissant contenu, pour les curieux, page 106 et suivantes (107 pour être très précis). Günter Grass, auteur phare de l'après guerre, symbole de la lutte contre le silence plein de culpabilité qui a longtemps pesé sur le peuple allemand comme une chape de plomb -- un non dit sociétal et transgénérationnel -- militant pour un repentir "constructif"... évoque de façon détaillée son entrée au sein des Waffen-SS, et les quelques jours où il a revêtu l'uniforme sans tirer un seul coup de fusil (sic) Bon, autant dire, si cet auteur ne vous dit rien, ce bouquin risque de ne pas beaucoup vous intéresser. Günter Grass se livre ici au difficile exercice de l'autobiographie non exhaustive -- par morceaux choisis. Son enfance à Dantzig, ses relations avec ses parents, avec la peur, l'amour et la mort, sa rencontre avec l'art et l'écriture .... Les métaphores employées expliquent le titre: Le souvenir se fonde sur des souvenirs qui se fondent à leur tour sur des souvenirs en quête de souvenirs. C’est ainsi qu’il ressemble à l’oignon, dont chaque pelure qui tombe met au jour des choses longtemps oubliées, jusqu’aux dents de lait de la première enfance, mais ensuite le tranchant du couteau lui donne une autre destination : haché peau après peau, il fait venir des larmes qui troublent le regard. Günter Grass utilise aussi la métaphore de l'ambre: le souvenir cristallisé, enkysté dans la mémoire comme l'insecte dans la résine fossile qui roule, brillante, sur les plages de la Baltique. Beaucoup de force et de poésie par moment, avec une émotion à fleur de pages, beaucoup de pudeur mais pas d'excuses recherchées pour "cette recrue qui portait son nom" et qui ne posait pas de question. Un petit bémol néanmoins: l'aspect un peu neutre, fade, teintant le récit en dehors des moments susvisés et une tendance récurrente à l'auto-citation. Je pense que ceux qui sont déjà initiés à Günter Grass et à sa plume ont des chances d'apprécier, mais les autres ... Lien à poster
cruchot 131 Posté(e) le 13 janvier 2008 Partager Posté(e) le 13 janvier 2008 C'est avec plaisir que je reprends le fil de mes chroniques pour vous parler de ce livre. Et c'est avec plaisir qu'on te voit revenir. Le souvenir se fonde sur des souvenirs qui se fondent à leur tour sur des souvenirs en quête de souvenirs. C’est ainsi qu’il ressemble à l’oignon, dont chaque pelure qui tombe met au jour des choses longtemps oubliées, mais ensuite le tranchant du couteau lui donne une autre destination : haché peau après peau, il fait venir des larmes qui troublent le regard. Superbe image. J'adore. :biz Lien à poster
bunee 0 Posté(e) le 14 janvier 2008 Auteur Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 merci Pour la superbe image: chez GG on trouve assez souvent de très jolies métaphores - d'où une certaine poesie, une certaine tendresse Lien à poster
Gragt 0 Posté(e) le 14 janvier 2008 Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 Je me rapelle de l'image de ce critique littéraire allemand qui avait déchiré son livre (je ne me rappelle plus du nom) sur la réunification ou du moins ce que Grass considérait être l'échec de cette dernière. Enfin, un autre bouquin à se procurer et à mettre sur la pile du "à lire". Lien à poster
Loone 22 Posté(e) le 14 janvier 2008 Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 C'est juste qu'il voulait montrer que son bouquin "ça déchire" ... Je suis désolé mais moi quand on me parle d'oignon je pense à Shreck (oui, on a la culture qu'on mérite) ... J'avais entendu parlé il y a quelques mois de cette "révélation" (sans avoir jamais lu aucun de ses livres par ailleurs) et je me rappelle m'être dit qu'il était sot de penser que du jour au lendemain les méchants allemands avaient tous disparus pour laisser place à de gentils allemands, tout le monde il est bô, tout le monde il est gentil ... Chacun devrait se poser la question : et mon ancêtre à moi, il était ou, il faisait quoi ? Non pas pour juger, mais pour comprendre et se remettre en question ... Bref, je ne pense pas lire ce livre un jour, mais je suis tout de même content de savoir qu'il existe, non pas pour lui meme mais parce que c'est bunee qui vient nous le présenter ... Hourra! ... Lien à poster
Refuznik 0 Posté(e) le 14 janvier 2008 Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 Tout comme en france tout le monde était résistants N'oublions pas que les arrestations en france étaient faites par la police française. Lien à poster
bunee 0 Posté(e) le 14 janvier 2008 Auteur Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 Gragt --> Il s'agit de "toute une histoire" paru en 1995. On évoque l'affaire ici Loone --> Merci merci. Le rapport entre shrek et les oignons? (inculture crasse inside). Loone & Refuznik --> En fait, je pense que ce qui a choqué dans cette histoire ce n'était pas tant le simple fait d'avoir intégré la Waffen SS, mais l'antinomie profonde entre 1/ le rôle et le discours de l'auteur au sein de la société allemande d'après guerre, contre le silence et la négation du passé, et 2/ le fait d'avoir tu cette partie de sa vie aussi longtemps Lien à poster
Loone 22 Posté(e) le 14 janvier 2008 Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 Bunee, c'est une des répliques du film, ou shreck, partis délivré la princesse pour pouvoir, en échange, bénéficier de la tranquilité dans son marais, explique à l'âne, son "compagnon" d'aventure tres légèrement imposé, comment il faut voir les ogres : Shrek : Les ogres sont... comme les oignons ! L'âne : Snif ils shlinguent ! Shrek : Oui... Non ! L'âne : Oh il piquent les yeux ? Shrek : Non. L'âne : Ah il se font sauter, on les couche sur une pâte brisée on enfourne la pissaladière. Shrek : Naaaannn ! Ils ont des couches ! Oignons avoir couches. Ogres avoir couches comme oignons avoir couches. Tous les deux ont des couches et toi t'en tiens une ! Rhaaaa. J'étale ma confiture aussi finement que possible, n'ayant pas acheté un pot familiale ... ... Lien à poster
bunee 0 Posté(e) le 14 janvier 2008 Auteur Partager Posté(e) le 14 janvier 2008 haaaaaan ok -- merci pour la réplique Lien à poster
Messages recommandés