Aller au contenu

[lecture] Tamiki Hara -- Hiroshima, Fleurs d'été


bunee

Messages recommandés

Titre original: Natsu no hana

Récits traduits du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle,

Brigitte Allioux et Karine Chesneau

Actes sud -- collection Babel

ISBN 978-2-7427-6913-1

Trois récits:

  • Prélude à la destruction (Kaimatsu no jokyoku)
  • Fleurs d'été (Natsu no hana)
  • Ruines (Haiko kara)

Un ordre inéluctable. Un rythme se précipitant progressivement, se figeant soudainement, puis redémarrant doucement.

Triptyque autour de l'indicible, de ce qui n'a pas de sens, du chaos. La vie avant, pendant,après.

C'est précisément ce que retranscrit dans ce livre plein d'une douloureuse pudeur Tamiki Hara, qui amorcera ainsi un mouvement dit de la littérature de la bombe (Genbaku bungaku).

En 1944, ce poète devenu veuf s'était réfugié à Hiroshima, sa ville natale. Il échappera par la suite au feu nucléaire dont il relate ici la terrible expérience. Sept ans plus tard il mettra fin à ses jours en se jetant sous un train.

Brisure titanesque de mondes quotidiens, d'individus, de familles entières. Ces récits, apocalyptiques, froids et presque bruts, vous plongent dans un bref moment d'éternité, d'absolu.

Entrevoir l'enfer.

Lien à poster

Je trouve presque ironique de mettre des mots "imagés" à ce qui n'est finalement "qu'un bombardement" ... implacable certe, définitif aussi, mais peut être aussi tellement moins cruel que tous les bombardements qui ont pu avoir lieu en angleterre, allemagne ou france (pour ne citer qu'eux), ou pendant des heures une pluie de bombe ravageait petit à petit une ville ...

Ceux qui étaient sous ces bombardements là ont eu le temps d'avoir peur, ont eu le temps de croire à une possibilité de survivre ...

Avec la bombe nucléaire, point de temps, c'est presque instantané, boum on est mort ...

Le plus dur finalement, c'est pour les survivants ... Un bombardement "classique", ceux qui en survivent peuvent être indemnes, ou blessés physiquement, mais de blessure "qui se soignent" ...

Les survivants d'un bombardement "nucléaire" vont être irradiés, avec une survie plus ou moins longue, c'est presque à ce moment là que l'horreur commence ...

Je ne parle pas des blessures psychologiques qui dans les deux cas sont extremes, n'en doutont pas ...

Bref "un enfer" oui, pour les survivants, mais que ce soit à cause d'une bombe nucléaire ou pas, je ne pense pas que l'un soit pire que l'autre ...

...

Lien à poster

Je n'ai pas dit le contraire ^^

En effet, pas de discrimination dans la souffrance en fonction du type de bombardement. Qui, en l'espèce, a été précédé de séries de bombardements "conventionnels"

Par exemple "sous les bombes", de gert ledig, décrivant les bombardements alliés sur l'Allemagne, est également particulièrement dur -- de même, plus largement, les témoignages des souffrances notamment de ces aspects de la guerre, mais aussi de leur conséquence (la survie dans les ruines: "un automne allemand" ou encore -- pourquoi pas -- la "tombe des lucioles" en sont de très bons exemples)

Bon, par contre je trouve que se remettre à lire après ce genre de littérature est assez difficile, tout vous semble après plus fade, voire mièvre.

Lien à poster

Cruchot : en fait j'ourde un complot visant à vous ruiner en bouquin et à engraisser le marché.

A propos de marché, l'un d'entre vous a-t-il déjà lu alabama song? Il fait partie de ma pile a lire (pas parceque c'est le dernier goncourt, mais parcequ'on me l'a conseillé il y a un bout de temps déjà) ?

/me dccore au principal intéressé une potion aux fins de resurrection loonesque

Lien à poster

Je ne sais pas, sans du tout critiquer la "littérature de la bombe", j'en suis arrivé à me demander si une telle expérience est transmissible par des mots. Bien sûr, cela dépend en grande partie du talent de l'écrivain, mais existe-t-il des mots assez forts pour décrire une telle monstruosité ?

J'ai lu quelques oeuvres littéraires et quelques mangas sur le thème de la bombe. J'avais été bluffé par, justement, cette capacité à transmettre l'indicible et j'en étais ressorti profondément marqué.

Puis j'ai eu la "chance" (?) de me rendre à Hiroshima et de visiter le parc de la Paix et le musée de la Bombe. Le choc a été sans commune mesure avec la littérature. Comme si le souffle de la bombe, 60 ans après, était encore assez puissant pour détruire radicalement toutes mes constructions mentales sur le sujet.

Je ne peux pas moi-même rendre compte de cette expérience, vécue donc à travers les témoignages de survivants, les photos et films d'époque, les objets rassemblés dans ce musée. Je n'en ai pas les mots. C'est pourquoi j'en suis venu à douter de cette "littérature de la bombe", pas du tout dans son but, que je comprends et que je soutiens tout à fait, mais dans sa forme même.

Loone> pour ma part, si, je pense que le bombardement nucléaire a été bien pire que tous les bombardements "conventionnels". Principalement pour sa dimension psychologique, qui a atteint bien au-delà de la cible locale visée. C'est la décision même d'utiliser cette bombe qui est en fait la plus dévastatrice. Je ne reviendrai pas sur la polémique historique qui consiste à tenter de déterminer si ce bombardement était utile pour hâter la fin de la guerre ou si elle constituait tout simplement un avertissemment "grandeur nateur" à l'URSS et à ses velléités d'expansion. Je crois que la simple décision d'envoyer le feu nucléaire témoigne d'un basculement psychologique total dans l'esprit humain.

Lien à poster

Transcrire l'indicible est par essence même quelque chose qui a vocation à donner un résultat imparfait.

Le témoignage a pour fonction de transmettre la façon dont tu as vécu les choses il est a mon sens forcément édulcoré par le langage, puisque le langage est une contingence.

Par exemple, et dans un autre domaine, il est bien évident que celui qui a lu primo levi (Si c'est un homme) n'a pu entrapercevoir qu'un centième de ce qui se passait dans les camps, idem avec soljenistine pour les goulags (la maisons des morts) etc etc

Ceux qui ont vécu ces évènements percoivent combien le reflet de la réalité vécue, sa réminiscence, peut paraitre dérisoire par rapport à celle-ci.

Je pense qu'il en est peut être de même, mais dans une mesure infiniment moindre, pour ceux qui ont visité les lieux (Hiroshima, les vestige d'auschwitz, ou encore ceux de tchernobyl), la mémoire et le témoignage des lieux ne passant pas par le langage.

Vous connaissez la poëtique des ruines?

J'oubliais, mais il ne faut pas non plus omettre la fonction d'exorcisme que remplit ce type de mouvements littéraires (ça me fait penser à la génération perdue)

Lien à poster

A mon avis, vivre l'expérience d'un bombardement nucléaire, ça doit être l'éclate totale !

il faut recadrer avec ce qu'il se faisait à l'époque : En une bombe, ils ont réalisés ce qui se faisaient avec des centaines de milliers d'autres en plusieurs jours ...

D'un point de vue capitaliste, c'est compétitif ...

Et puis imagine avant cette bombe, les généraux décidaient d'envoyer l'aviation détruire telle ou telle ville : quelle différence, au niveau de l'esprit, avec la bombe nucléaire ? le coût, point de vue économique et aussi humain ...

Bah oui parce qu'un bombardement classique, on tue plein de gens, mais on en perd aussi pas mal à soit, puisque l'ennemi à le temps de répliquer ...

Là le risque, et donc le coût, humain du coté de l'attaquant est minimisé ...

Je ne suis pas sur qu'il y ait plus de victimes du coté du bombardé, par contre au final on a d'un coté énormément de victimes qui ont pu souffrir longtemps, de l'autres énormément de victimes qui n'ont pas eu le temps de dire ouf qu'elles étaient déja mortes ...

Et puis regarde les batailles napoléoniennes, les milliers de victimes qu'elles faisaient ... on envoyait les hommes sans se soucier de leur futur, le but étant plus important ...

Au niveau de la premiere guerre mondiale, on se disputait les m² à coup de centaines de milliers d'homme ... pourtant l'opinion publique avait largement le temps de réagir ...

Attention, je ne tente pas de justifier les atrocités des guerres, mais je trouve que la bombe nucléaire est l'aboutissement de deux logiques qui se rencontrent : l'économie et la guerre ...

Elle répond aux deux de manièere optimum, elle est de plus rapide, efficace (en terme de dégat), bref, pour les militaires autant que pour les gouvernements, c'est forcément à court therme le top ...

Personnellement, je pense que rien ne justifie une guerre, et qu'on ne peut pas faire un classement dans l'horreur quand celle ci dépasse le paroxysme ...

Le basculement psychologique a été fait depuis longtemps, à partir du moment ou l'on a décidé que faire mourrir des milliers de personne pour une cause était acceptable ... (c'est valable pour les civilisations qui ont été anéanties, par la guerre, l'esclavage, etc etc) ...

M'est avis qu'un retour en arriere n'est pas prévu de sitôt ...

...

Lien à poster
×
×
  • Créer...